Il y a deux types de réactions lorsqu’on annonce à nos proches que l’on quitte le Québec – non pas pour deux semaines, mais pour six mois. Notez bien, tout est dans les yeux.
- Il y a ces grands yeux, remplis de jalousie/curiosité.
- Il y a ces sourcils froncés – ceux de ma mère seraient le parfait exemple. Incertains, ces sourcils suggèrent un « Why on earth ? ».
Alors qu’un long séjour à l’étranger diffère grandement d’un voyage de plaisance, il n’en demeure pas moins une expérience unique en son genre. Et pour vous éviter de tomber dans le pessimisme « les yeux de ma mère avaient raison, pourquoi diable ? » voici quelques points qui vous aideront peut-être à défier le choc culturel. Peut-être, j’ai dit.
- Un nouveau « comme à la maison ».
Première étape lorsque l’on dépose nos valises dans notre nouvelle chambre : prendre conscience que ce sera son chez-soi pour les prochains mois. Adios Montréal, Buen día Sucre. Une bonne façon de se trouver rapidement chez-soi à l’étranger, c’est de dénicher ces endroits du quartier qui mèneront à bien notre routine.
Un café végétarien au coin de la rue par exemple, où je suis des cours d’espagnol. Les serveurs, non seulement savent-ils que je bois un Americano negro, mais ils m’ont vu rire et pleurer, tombée malade et revenir sur pieds. Ou encore cette femme qui prépare les jus de fruits au marché central ; lorsqu’on a commencé à s’appeler « Querida » avec celle qui me fait le parfait mix mango con leche, j’ai compris que la routine s’installait.
- Éviter les comparaisons
Parce qu’au Canada, « on n’est pas à plaindre » comme dirait ma mère. Il faut éviter de tomber dans le piège de la comparaison entre son pays d’origine et la nouvelle terre d’accueil. La Bolivie est loin d’être notre Amérique familière. D’abord, on n’y sert pas de Tim Hortons. Attention aux fans du café populaire : prévoyez diminuer votre consommation quelques jours à l’avance, voir quelques semaines, selon votre degré de dépendance.
Mais voyons plutôt le côté positif de la chose : la Bolivie a beaucoup à offrir que le Canada n’a pas – pas même caché sous sa ceinture fléchée de bonhomme Carnaval. Essayez toujours de trouver les habitudes et produits de votre pays d’accueil qui vous manqueront à votre retour, et profitez-en au maximum. Ce n’est pas sur Mont-Royal que vous barguignerez 12 bananes pour la modique somme de 25 cents. Am I right or am I right ?
- Connaitre les locaux.
Pour t’aider à faire de ce nouveau pays un chez-soi, il faut être en mesure de partager avec les locaux. Se rapatrier entre Canadiens n’est pas la meilleure façon de vivre une expérience à l’étranger. Bien que dans la ville de Sucre, les Québécois arrivent comme l’eau d’érable au printemps, il faut savoir s’engager dans d’autres débats que celui de la meilleure poutine de la province. Non seulement les gens d’ici vous parleront-ils des idéologies politiques de leur pays ainsi que de leurs us et coutumes, mais ils vous apporteront aussi dans les meilleurs restaurants locaux, vous feront avoir les meilleurs prix au marché et voir les plus beaux panoramiques sur la ville. Et ça, on aime ça.
- Agir avec le cœur, ensuite avec l’argent.
Pour avoir étudié en communications, tout n’est pas chiffre.
Osez un slip de paie qui diffère : votre salaire de base consiste en une expérience unique dans votre domaine. Vous ferez quelques heures supplémentaires sur des tâches comme l’apprentissage d’une nouvelle langue, ou la visite des plus beaux paysages au pays. Vous trouvez ça trop difficile ? Attendez la fin du contrat et votre 4% vous reviendra sous la forme d’un apport unique sur votre C.V., de changements de perspectives sur le long terme, de souvenirs uniques. Et ça, franchement, qui en veut ?
C’est payant, mais autrement.
Stéphanie Bureau