La réalité du terrain

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Dans le cadre de mon stage, j’ai eu la chance de rencontrer les femmes pour qui on monte un projet moi et ma collègue Stéphanie depuis notre arrivée à Sucre. Dans les milieux ruraux, il n’y a pas grand-chose, il n’y a pas d’infrastructures, presque pas d’écoles à côté, presque pas de toit, et à peine de quoi manger. Les femmes ont des enfants très tôt et de ce fait elles s’occupent à la maison pour répondre aux besoins de leurs familles. Souvent elles sont obligées de rester avec leurs maris parce qu’elles sont dépendantes financièrement d’eux. Alors peu importe les conditions de vie dans lesquelles elles sont, elles restent. Au bout d’un moment, elles perdent espoir et quand on leur demande ce qu’elles savent faire, quelles capacités elles ont, elles répondent tout bonnement « Rien, nous ne savons rien faire ». Nada, ces mamans entre 21 et 40 ans qui ont entre 3 et 7 enfants estiment profondément qu’elles ne savent absolument rien faire. Mais oui, nous on sait tout faire par contre… La différence de convictions ici réside tout bonnement dans l’espoir qu’on nous a inculqué depuis tout petit. C’est ce qui nous aide à nous accrocher, à nous battre, à continuer quand on a le moral à 0. Le secret c’est le fait de voir le bout du tunnel, savoir qu’il nous attend quelque chose de meilleur au bout du périple. Quand tu n’as aucun espoir et que tu ne vois pas ce que tu es capable d’accomplir, si tu ne vois pas vers où tu peux te diriger, l’envie d’avancer tu la perds, et tu la perds avec ton estime de soi, car tout simplement tu es convaincue que rien, rien rien au monde ne pourra changer la condition dans laquelle tu te trouves.
Hier, Stéphanie et moi on était deux petites étrangères venant tenter d’encourager des femmes à croire en elles-mêmes et en leur capacité. On s’est imposées dans un environnement qui était différent et j’ai réalisé que c’était moi qui ne savais absolument rien. Je ne savais rien, mais j’étais convaincue du contraire. La seule différence entre elles et moi était que j’avais tout pour y croire et pour penser que je savais tout. On a vu des yeux briller, on les a vues y croire même une seconde à la possibilité de réaliser leur rêve, créer leur marque de vêtements, perfectionner leurs capacités de tissage et s’imposer sur le marché bolivien (et même international si l’on pousse un peu plus loin). À la fin, on nous a demandé gentiment quand est ce qu’on allait revenir. Je ne savais rien, mais tout ce que je savais c’est que j’étais bouleversée.

Dorra Bannouri


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