Deux mois et demi passés loin de chez soi peuvent apparaître comme étant beaucoup de temps, mais dans les faits, ces quelques semaines ont passé à la vitesse de l’éclair. La nostalgie commence déjà à se faire sentir et les émotions à faire surface. Nous profitons de chaque instant, car nous ne savons pas si c’est peut-être le dernier ici à Tarija… Dommage que le temps défile aussi rapidement, car nous commencions justement à créer des liens forts avec les gens de la communauté. Les relations se bâtissent avec le temps et nous nous sentons privilégié.e.s de ce que nous avons construit avec nos familles et ami.e.s d’ici. Notre groupe s’est intégré à la vie des gens locaux et les invitations ont commencé à se multiplier dès notre arrivée dans la communauté; nous apprécions énormément la générosité des Bolivien.ne.s qui n’en finit plus de grandir à notre égard. Entre invitations à aller en montagne ou au chalet, au restaurant ou à une fête des 15 ans de notre petite sœur, jouer aux quilles et sortir danser, nous avons réalisé à quel point les gens de la Bolivie avaient à offrir. Aucune invitation ne manquait de nourriture traditionnelle, de rafraîchissements, de desserts exquis et, bien sûr, de conversations intéressantes et profondes. L’accueil dans la communauté de Tarija a clairement été des plus exceptionnels; nous aimerions en faire de même lorsque nos familles boliviennes viendront nous visiter au Canada (certaines d’entre elles y pensent déjà!).
Pour ce qui est de la vie de groupe, elle a visiblement évolué et certaines relations se sont améliorées tandis que d’autres se sont, disons-le, transformées. Dans tout groupe, il y a des hauts et des bas et il est normal de vivre toutes sortes de sentiments vis-à-vis de nos compagnons. Le plus important dans un stage QSF, c’est d’être capable de garder une attitude positive et de s’encourager les uns les autres dans nos victoires, mais aussi dans nos défaites. Faire partie d’un groupe, c’est synonyme de support, de respect et de bonne volonté; nous l’aurons appris à nos dépens. Faire partie d’un groupe, c’est également synonyme de s’ouvrir aux autres, de faire preuve de tolérance et de beaucoup d’empathie.
Par ailleurs, le travail quotidien avec les enfants nous fait réaliser que nous aussi, parfois, nous pouvons retomber dans l’émoi de l’enfance. Que ce soit en retrouvant l’authenticité de nos premières relations, la pureté de nos paroles et gestes, ou encore la simplicité des jeux auxquels nous participons, nous nous rendons compte que cette période de la vie n’était pas enfouie bien loin. Lors de la journée d’au revoir avec les enfants, nous avons couru et joué avec eux au parc des chiquis et ce fut l’une de nos plus belles journées ensemble. En toute innocence, ils nous demandaient pourquoi nous devions partir et quand allions-nous revenir… Difficile de répondre pour le moment. Afin de repartir avec un souvenir du centre Forjando Huellas, Véronica et les enfants nous ont préparé des petits sacs à main avec le nom de chaque enfant inscrit dessus. En nous remerciant à tour de rôle, les enfants sont venus nous les remettre et nous embrasser chaleureusement. Ce fut un moment magique et touchant, duquel chacun est reparti tête haute et sourire aux lèvres. Je pense qu’il nous sera difficile de mettre des mots sur de telles émotions avant quelques semaines au moins. Nous avons laissé repartir ces enfants dans le rire et l’allégresse, mais au fond de nous, nous savons bien que la tristesse ne tardera pas à surgir.
La semaine d’au revoir a été exigeante sur le plan émotionnel. En premier les enfants, ensuite les familles et finalement le partenaire nous ont fait leurs adieux l’un après l’autre. Ce qui nous a sans doute le plus marqué.e.s, c’est l’honnêteté et l’authenticité des rapports que nous avons eus avec nos ami.e.s bolivien.ne.s. Chaque discussion, moment, échange était ponctué d’une sincérité pure et limpide… C’est probablement l’un des apprentissages les plus profonds que nous aurons fait en ces deux mois en terre bolivienne. Il n’existe pas quelque chose de plus humain et de plus vrai que de sentir une connexion naturelle avec quelqu’un d’autre, de sentir qu’on peut créer des liens qui transcendent la culture, les modes de vie, les habitudes. Les gens de la Bolivie vivent avec une désinvolture parfois déstabilisante pour nous, ils sont tout simplement, sans artifice ni mascarade.
Le stage QSF est une expérience humaine avant toute autre chose. En Bolivie, nous nous sommes rendu compte que le travail et les relations interpersonnelles et professionnelles se confondaient et nous nous sommes vite adapté.e.s à cela. Contrairement au mode de vie nord-américain, le souci de l’efficacité et de la performance ne sont pas toujours présents dans les milieux professionnels. L’heure du dîner dure trois heures, personne n’est pressé ou stressé par le temps. Les rencontres de travail peuvent se tenir dans des cafés, entre deux blagues et un gâteau de chocolat, no pasa nada…
Enfin, la Bolivie nous a réellement charmé.e.s et nous en repartons heureux la tête pleine de souvenirs. La mi-stage au Salar de Uyuni et dans le parc national Eduardo Avaroa, la fin de stage à Sucre et à Santa Cruz… la Bolivie en a beaucoup à offrir; ses paysages et ses gens sont incroyables. Nous avons eu une opportunité en or de participer à un tel stage et nous sommes tou.te.s très ravi.e.s de notre expérience!
El grupo de los alpacas – Paula, Melinda, Sonia, Alizée, Antoine, Jade, Julie et Dina – Groupe QSF 2017-2018, Tarija, Bolivie