La perception sur l’échographie et le défi à relever en matière de planification familiale (PF) dans le programme de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants (SMNE).
Les femmes enceintes du programme reçoivent beaucoup de soins prénataux, entre autres : consultation prénatale (CPN), bilans biologiques, échographies, monitorage fœtal et interprétation des résultats pour la sécurisation de leurs grossesses. Les consultations pré et postnatales pour la planification familiale (PF) sont aussi offertes. Un gynécologue est disponible 4 heures par semaine pour rendre ces services aux bénéficiaires dans le but de compléter les soins que le médecin généraliste offre au quotidien. La majorité des patientes viennent voir le gynécologue pour l’échographie. Il demeure difficile de faire venir les patientes pour la consultation postnatale ou la consultation pour planification familiale alors que la fécondité varie de façon importante selon le niveau d’instruction des femmes : 6,3 enfants par femme parmi celles sans instruction contre 4,1 enfants par femme parmi celles ayant un niveau d’instruction secondaire ou supérieure. La fécondité varie aussi selon le niveau de vie du ménage dans lequel vit la femme. Les femmes de deux quintiles de bien-être économique les plus bas ont, en moyenne, 6,0 enfants contre 4,4 enfants par femme parmi celles des ménages du quintile le plus élevé.
L’APECOS prend majoritairement en charge des femmes sans instruction.
1° La perception de l’échographie
En amont, les femmes pensaient que l’échographie était nécessaire juste pour connaitre le sexe de l’enfant. À la suite du travail de la sensibilisation sur la CPN que nos ambassadrices mènent dans la population, l’échographie obstétricale constitue le gros de la demande des bénéficiaires dans notre structure. Ceci est un succès pour le centre l’APECOS et pour le pays en général, car beaucoup de femmes vulnérables ne savaient pas l’intérêt de faire les échographies en général et en particulier pour le premier trimestre. Cela permet aux femmes de faire les trois échographies recommandées pour le suivi de la grossesse et d’éviter les dépassements de terme.
2° Défi à relever en matière de planification familiale
Parmi tant d’activités offertes aux bénéficiaires, la planification familiale est un élément non négligeable afin d’éviter l’augmentation de la natalité. Malheureusement, malgré les conseils donnés aux femmes en pré et postnataux, ces dernières n’adhèrent pas comme nous le souhaitons. Malheureusement, nous observons que l’objectif des femmes qui viennent pour les visites postpartum est de montrer les bébés à l’infirmier au lieu que l’objectif premier soit la demande de conseils en planification familiale pour éviter qu’il y ait une deuxième conception rapide. Il ne semble pas y avoir de volonté de demander les consultations postpartum chez le médecin généraliste ou le gynécologue en matière de PF malgré les conseils reçus. Cela peut être lié aux croyances religieuses des femmes, à la peur des femmes aux effets secondaires, aux rumeurs, mais aussi au manque de renforcement des capacités du personnel surtout en matière de planification familiale. La PF reste un défi à relever par des séances d’éducation sur la santé de la reproduction ; faire des consultations pour la planification familiale lors des consultations prénatales et faire des consultations en PF lors des visites postpartum. En effet, beaucoup des femmes burundaises, par manque d’information, attendent le retour de couche pour commencer la contraception et donc reviennent à la consultation étant enceinte à nouveau. Pour relever ces défis, des stratégies ont été mises en place : renforcer les conseils en pré et post-partum ; impliquer les maris dans ces conseils en PF ; multiplier les séances d’autoformations pour le personnel en matière de PF.
Chronique écrite par Gynécologue Dr IRAKOZE Innocente et Médecin généraliste Dr Viola NDIKUMANA
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