Kuei kuei !
Nous voici à la mi-stage. Au début de cette aventure, nous avons tous vécu différentes « lunes de miel » tout autant magiques qu’aveuglantes. La ville de Sucre nous a eu.e.s avec ses festivités riches en couleurs, ses paysages à perte de vue et ses gens très accueillants.
Mais sur chaque nuage, il y a toujours une descente. Ce qui nous a beaucoup aidé.e.s à faire une belle chute, c’est de présenter notre culture grâce à des ateliers d’artisanat, par l’ouverture de groupes de discussions, ou simplement en inventant des jeux de connaissances. Toutes ces expériences nous ont permis de renforcer notre estime et de créer des liens forts en groupe et en communauté. Nous avons remarqué beaucoup de points en commun avec nos amis d’ici. La perte de culture et ses conséquences sont très voyantes, comme par chez nous. Elie-John a réalisé que nous avons chacun.e notre façon d’accepter cette perte. Pour nous, les Innu, c’est avec le rire qu’on le fait, soit en taquinant jusqu’à dire des niaiseries. Pour eux, c’est par le jeu, en passant du soccer jusqu’aux jeux de société.
À un moment, pour les mères des jeunes pour qui nous travaillons, j’ai fait une séance de purification avec de la sauge; un rituel ancestral qui consiste à brûler de la sauge dans le but d’éliminer les énergies négatives du corps, de l’âme, des objets et des lieux. J’ai eu droit à des regards craintifs et à quelques personnes qui m’ont dévisagée comme si j’étais une sorcière avec son coquillage magique. Après avoir bien expliqué la signification de ce rituel, je les ai invitées à se purifier à leur tour, si elles le voulaient. Les personnes de mon groupe étaient les premiers volontaires. Avec beaucoup d’hésitation, une s’est levée, puis les autres ont suivi. Elles ont toutes aimé ma présentation et elles m’ont même demandé de la sauge. C’était un moment fort pour nous parce qu’on a gagné leur confiance et elles ont accepté notre culture en participant à la cérémonie.
Ensuite, pour nous féliciter d’avoir fait la moitié du stage, nous avons eu des vacances à La Paz. Nous avons fait un arrêt au mirador de la « Valle de la Luna » où nous avons vu des dunes.
Nous sommes ensuite allé.e.s jusqu’à Tiwanaku, un site archéologique où il y avait une pyramide et des statues trippantes, âgées de plus de 30 000 ans. Nous avons profité d’une journée de pluie pour se reposer à l’auberge, pour chiller dans nos lits superposés, à partager des rires. Moment très mémorable! Puis, nous avons fait un dernier arrêt à la « Isla del Sol ». Cette île est reconnue pour ses paysages de fou, mais bien sûr il fallait monter plus de 400 marches pour profiter de la vue. Elle est située au milieu du plus haut lac du monde, le fameux lac Titicaca. Nous avons aussi profité du lac pour nous y baigner. Élise dit qu’elle a adoré l’après-midi où nous nous sommes baigné.e.s tous ensemble et par la suite prélassé.e.s sur le quai du lac Titicaca à discuter de nos cultures.
Après deux mois d’intégration, nous avons récolté tous nos efforts. C’était des beaux moments pour nous.
Elie-John dit que ça a fait du bien à l’esprit, mais pas à son porte-feuille.
Pour Guy-Paul, la mi-stage a fait le plus grand bien : « J’ai bien aimé la journée où nous sommes allés aux deux monts du Mirador, paysages fabuleux. Et quand Maikeniss avait avec elle du tabac qu’elle nous a donné pour faire une prière ».
Quant à elle, Laura a oublié son cellulaire à la Isla del Sol et le propriétaire de l’auberge où nous étions l’a fait envoyer à Sucre. Nous avons reçu une leçon de vie, quand Laura lui a proposé une récompense. Voici ce qu’il a écrit :
Après avoir monté les 400 marches, nous avons pris une table sur une terrasse d’un restaurant à la Isla Del Sol. Nous sommes arrivé.e.s à temps pour le coucher de soleil. Pendant que nous étions en admiration, nous avons vu un condor. Pour les Premières Nations, l’aigle et le condor sont des animaux sacrés, qui souvent signifient un bon présage. C’était un de mes moments préférés du voyage !
Tshinashkumitinau!
Merci à tou.te.s!
Maikeniss Fontaine, stagiaire SIJA 2018 à Sucre – Bolivie
Photos par Elie-John Joseph, stagiaire SIJA 2018 à Sucre – Bolivie