Le temps devient tellement relatif quand on sort de notre quotidien. Cela fait bientôt trois semaines que je suis à Madagascar, et bien que j’aie l’impression d’être arrivée hier, j’ai aussi le sentiment d’être ici depuis plusieurs mois déjà. Sortir de son quotidien et découvrir la réalité d’ailleurs me donne une toute nouvelle perspective du temps, qui me saisit à chaque fois. Trois semaines que je suis à l’autre bout du globe, donc. Trois semaines de paysages tout en terre rouge, en rizières, en montagnes ponctuées d’arbres fruitiers. Trois semaines de rencontres, d’adaptation à la culture, d’apprentissage de la langue. Trois semaines de confusion, d’interprétation, de questionnements. Trois semaines de jeux avec les enfants, de rires, de moments de réflexion. Trois semaines aussi de nuits froides, de maux de ventre, de sommeil difficile. Et à travers toutes ces nouveautés, la familiarisation avec le mandat, avec le labyrinthe d’une demande de visa malgache, avec la vie à 4 dans un petit bungalow… Je réalise que c’est tout un casse-tête!
L’organisme pour lequel je travaille se nomme SPV Felana, situé en campagne malgache près de la ville d’Antsirabe. J’habite pour l’instant dans l’enceinte même de l’organisme avec les autres stagiaires PSIJ, et je partage le quotidien des employé.e.s de l’organisme, dont leurs repas. Le premier soir, en arrivant à la cantine pour souper, j’avais des craintes; je voulais créer des liens, mais je redoutais leur réaction face à notre arrivée. C’est le cœur léger que je suis allée me coucher cette première soirée, après un bon repas de riz et légumes, grâce à l’accueil chaleureux des employé.e.s, qui nous ont laissées entrer dans leur vie communautaire plus vite que je ne l’aurais cru.
Bienvenue dans ma nouvelle vie malgache… Dans le village, les poules picossent près de la route, les zébus tirent des carrioles et font lever la poussière, les enfants font voler leurs cerfs-volants faits en matériaux recyclés, les kiosques présentent leurs étalages de petits pains frits, de samosas, de thé sucré, de pâtes préparées, et inévitablement, chaque personne que je rencontre me salue ou m’interpelle. Mais ce n’est pas, comme je l’aurais cru, pour me demander de l’argent ou de la nourriture à chaque coin de rue; ça arrive, mais ce n’est pas le plus courant. En fait, je ne peux compter le nombre de fois où j’entends « Salama » (bonjour), « Comment tu t’appelles », « Vazaha » (étrangère). Mais quand je m’adresse à eux avec mon malgache très rudimentaire, c’est toujours avec un grand sourire qu’ils me répondent.
Malgré les défis qui parsèment mon quotidien, j’apprends tranquillement à me retrouver, à être moi-même, dans un contexte qui ne ressemble pas au mien. Ce sont les petits moments d’arrêt qui me recentrent, qui m’ancrent dans cette nouvelle vie et me permettent de m’y poser un peu plus chaque jour. Dans cette campagne malgache qui m’accueillera pour les 6 prochains mois, je peux admirer chaque jour le coucher de soleil derrière les pins et les bananiers, les rayons qui brillent dans l’eau des rizières, les étoiles qui constellent le ciel lorsque la nuit tombe (à 17h30, précisons-le), et je songe avec enthousiasme aux belles surprises que me réserve cette aventure…
Maude Bradette-Laplante, stagiaire PSIJ 2019 en tant qu’agente en santé communautaire (sécurité alimentaire) à SPV Felana, Madagascar
Ces stages sont possibles grâce au financement d’Affaires mondiales Canada. Pour consulter les offres de stage de L’AMIE, cliquez ici.