Cela fait exactement un mois que j’ai mis les pieds dans cet avion pour partir vers un nouvel horizon. Je n’avais vraiment aucune idée dans quel processus je m’engageais réellement. Tout ce que je savais étais que j’allais me retrouver en terrain inconnu, entourée d’un océan de différences.
En effet, dès mes premiers jours j’arrivais avec une perspective tellement teintée par ma culture. À ce moment-là, cela m’amenait à voir beaucoup de choses en surface. Dès ma sortie de l’aéroport à une heure du matin, je ne voyais que des ombres dans la nuit. Dans la noirceur, des ombres de palmiers, de bananiers, de zébus, de rizières et des pousses-pousses par milliers. Bien sûr, le lendemain je fus frappée, car les conditions de vie étaient tellement différentes des nôtres. Des familles dans la rue, des toits de tôles, des gens qui crient vazaha (étranger), des chiens à chaque coin de rue et de braves gens qui courent pour porter des gens en pousses, etc.
Malgré mes lunettes d’étrangère, je voyais des sourires partout, de la musique dans les rues, des enfants qui jouaient et la vie qui continuait. Toutefois, à ce moment j’étais tout de même dépassée par ce qui me semblait être un énorme fossé entre deux cultures. Le nombre incroyable de papiers à faire et d’allers-retours que cela prend, la tenue des registres dans de vieux bouquins, le devoir faire attention à ne pas se balader le soir, les rapports monétaires n’étant pas les mêmes entre les gens. Vis-à-vis cela, je me trouvais dans une situation où je ne savais que dire de Madagascar en si peu de temps. Je trouvais le pays vraiment magnifique, j’étais étonnée et curieuse. Les gens étaient pour moi si souriants mais j’étais dépassée je n’avais aucun repaire culturel. J’aimais bien le fait de ne pas avoir ces repaires aussi. Ça ne fait pas très longtemps que j’ai pris conscience que je resterais 6 mois (haha)!
Au fil du temps je me suis mise à échanger avec les Malgaches de SPV Felana, l’organisme où je me trouve. J’ai joué avec les enfants et passé de magnifiques soirées avec la communauté. La joie est tout un art dans un contexte où il y a tellement de contraste et où les gens ne possèdent pas beaucoup de matériel. Le travail est intense; je vois des hommes et des femmes puis des enfants si vaillants. Cependant le midi, les gens rient, chantent et prennent le temps d’être simplement. Ces moments sont si précieux. J’ai aussi observé tellement de beaux partages. Dès que quelqu’un est dans le besoin, les gens s’arrêtent pour aider. Les Malgaches sont tellement intéressé.e.s à me partager leur savoir.
Beaucoup de Malgaches que j’ai croisé.e.s ont la tête pleine de rêves. Je pense, un sourire aux lèvres, à un employé de SPV me parlant d’une idée de se faire un vélo volant pour se déplacer plus rapidement. Ces magnifiques petits moments partagés me font sourire. Au rythme local de SPV je vois des gens qui tissent une courtepointe d’histoires et de vécus si colorée, remplie d’espoir, de rires et de rêves. Cultiver la beauté au quotidien ne prend aucun matériel; cet art de tisser ensemble une courtepointe qui tient tous nos cœurs au chaud est un art si puissant.
Émie Marchand, stagiaire PSIJ au SPV Felana à Madagascar en tant qu’agente en environnement (développement du potentiel agricole)