OMBY – ZÉBU

IMG_1172Déjà 2 mois que je suis arrivée dans la capitale de Madagascar, Antananarivo. En fait, j’habite en périphérie, à une quinzaine de kilomètres du centre-ville, à Ambohotrimanjaka. Je vous déconseille d’essayer de prononcer le nom de ce village, car ce qu’on entend n’a rien à voir avec ce que l’on peut lire! Ici, c’est tranquille, c’est la campagne. Dehors, j’entends les enfants qui courent vers l’école. Un peu timides, ils nous saluent en riant : « Bonjour Made (Mademoiselle en Malagasy) ». Le matin, on se fait réveiller (trop tôt) par le chant des coqs. Peu importe où l’on pose le regard, on tombe sur des champs de rizière, des poulets, des bœufs, des poulets (oui, vraiment il y a des poulets partout). Ici, rares sont les voitures qui roulent dans les routes bossues du village. Celles-ci sont remplacés par les charrettes puisque la majorité des gens travaillent dans les champs. Et qui dit charrette dit zébu, évidemment.

Dès notre arrivée ici, nous avons vite été confrontées aux différents us et coutumes des Malagasy. Très vite, nous avons été accueillies dans différents cultes; le rite funéraire par exemple. C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai participé aux différentes cérémonies. Par ailleurs, c’est ce qui m’impressionne le plus de Madagascar; son rapport aux traditions. Ici, les gens sont très près de leurs racines et de leurs croyances. Selon moi, c’est ce qui rend ce peuple si riche. Pour les curieux, voici donc un peu d’histoire sur le fameux omby (zébu) de Madagascar que l’on retrouve dans plusieurs rites et coutumes.

zébu1Originaire de l’Afrique, on reconnaît le zébu par sa bosse, ses grandes cornes et son extension de peau sous le menton. Ici, on dit souvent qu’il y a plus de zébus que d’habitants. Cet animal est le signe emblématique de Madagascar, on ira jusqu’à dire qu’il est le reflet de l’identité malagasy. Pas étonnant qu’on le retrouve autant sur la monnaie locale que sur le chandail de foot de l’équipe de Madagascar.

Omby, symbole de richesse

Partout sur l’île, le zébu est symbole de force et de fortune. La tradition veut que cet animal représente la troisième richesse d’une famille, après les enfants et la terre. Et donc, avoir un grand troupeau est synonyme d’un statut social élevé. Les zébus se transmettent par l’héritage garantissant ainsi « l’unité du lignage » que les prochaines générations devront aussi entretenir. De ce fait, on ne peut faire la vente ou le troc d’un zébu.

blog1Attrape-moi si tu peux

Dans le sud de l’ile, les Betsileo pratiquent le savika que l’on pourrait comparer à une corrida. Le but de ce jeu est d’agripper la bosse du zébu le plus longtemps possible permettant par le fait même, de se faire remarquer par les femmes. Par ailleurs, contrairement à la corrida, le savika n’a pas comme finalité la mort de l’animal. Pour les jeunes hommes, c’est un rite de passage pour être reconnu comme homme responsable au sein de leur communauté.

Puis, chez les Bara, un peuple du sud, voler un zébu pour pouvoir l’offrir à la belle famille est coutume obligatoire pour demander la main d’une jeune fille. C’est de cette façon qu’ils prouveront leur bravoure et leur courage.

Dans les champs

Le zébu est le compagnon de labeur par excellence. Dans les rizières, il piétine la boue en prévision du repiquage des jeunes plants de riz. Grâce à son endurance et sa robustesse, il tire facilement la charrette transportant parfois des bottes de foin, parfois des habitants. Bref, le zébu est assurément un indispensable pour le travail dans les champs.

zébu2Le zébu et les rites ancestraux

Reconnu comme un animal sacré, le zébu est présent dans les rites ancestraux. Par exemple, la graisse de sa bosse est offerte aux ancêtres qui, par la suite, accordent leur bénédiction aux vivants. Aussi, dans la partie sud de l’ile, chez les Mahafaly, on sacrifie le troupeau entier du défunt pendant le rituel funéraire. Par la suite, on place les têtes et les cornes des zébus sur le tombeau. Dans ce sens, le zébu joue un rôle d’intermédiaire entre les ancêtres et les vivants.

Anne-Charlotte Couvrette, stagiaire PSIJ 2019 en tant qu’agente en enseignement des arts plastiques et/ou artisanat, ASA, Madagascar

Bibliographie

Prime media (2019), « L’emblème de Madagascar », dans : Prime magazine, Madagascar, pp.30-33.

Musée de la photographie (2019), « Zébu », dans : exposition photo – musée de la photographie d’Andohalo, Antananarivo, consulté le 11 juillet 2019.

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