Apprendre avec le sourire

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Chaque apprentissage débute par un déséquilibre. Que ce soit un léger tressaillement ou un grand tremblement. Ce sentiment de perdre pied, lorsque notre souffle rate un battement de coeur. Nous tentons alors de reprendre notre équilibre en mettant un pied de l’avant. C’est ce pas qui nous fait avancer. Je me suis inscrite à ce stage international afin d’amorcer ce mouvement qui m’a sorti de ma zone de confort. Provoquer une petite secousse qui me permettrait d’en apprendre davantage sur moi, sur ce qui m’entoure. Toutefois, j’ai été surprise par la facilité à laquelle je me suis insérée dans cette expérience. En grande partie grâce aux gens qui m’ont entourée dès le début!

Ici, à Tarija en Bolivie, j’effectue un mandat en appui scolaire. J’ai donc eu la chance de travailler avec les enfants, ceux avec qui on apprend le plus. Ce sont les mieux placés pour nous accompagner dans la découverte et la nouveauté. Ils m’ont d’abord offert un sacré coup de main dans l’apprentissage de l’espagnol. Sans jugement, mais avec un petit sourire en coin, ils ont corrigé mes erreurs avec grand plaisir! D’abord timides et hésitants, les plus jeunes ont rapidement embarqués dans mes activités en lecture et en écriture. Malgré les grandes difficultés de certains, nos ateliers se sont toujours terminés dans l’allégresse. Peu importe leur fatigue, leur gêne ou leur inconfort, ces enfants ne peuvent s’empêcher de sourire. Et ce sont ces sourires et ces rires qui sont les plus riches, car ils sont authentiques et généreux. J’ai appris à leur côté la préciosité de ces moments honnêtes et sincères.

IMG_20190719_150945(Avec certains jeunes du centre Forjando Huellas)

La beauté dans une réelle coopération, c’est que les deux parties en ressortent gagnantes, car chacun apprend de l’autre. Moi qui me pensais très patiente, je me suis vite rendu compte que le temps à une autre mesure ici. Il se compte par le nombre de devoirs à faire, de sièges à remplir, d’empanadas à préparer, de bus à attendre, de siestes à prendre, de conversations à terminer, de vérification à effectuer, de personnes à recevoir. Tout se fait dans une lenteur de yoga. On compte le temps de par nos respirations, qu’elles soient influencées par l’altitude de la Bolivie ou pas. On apprend à prendre son temps. Lorsqu’on marche sur le trottoir bondé, lorsqu’on discute avec la dame dans la rangée des légumes, en traversant le trafic, en attendant sa commande au restaurant, en aidant un élève à faire de la copie ou en regardant procéder les lamas

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(On attend…)

Les Boliviens aiment prendre le temps de faire les choses à leur façon et selon les ressources disponibles. Mais ils usent d’ingéniosité à tous coups. Il ne s’agit certainement pas de l’option la plus durable, mais elle fait pour ici et maintenant et c’est ce qui importe. Nous ne recevons donc pas toujours ce que nous pensions après « un peu » d’attente. En espagnol, on dit « espero », j’attends. À chaque fois, j’espère qu’ils auront ce dont j’ai besoin, j’espère que le magasin sera réellement ouvert comme c’est indiqué! J’ai sans contredit appris le laisser-aller! Mais certaines choses ne manquent que très rarement à l’appel : leur sourire, leur salutation chaleureuse, une bise sur la joue et une accolade amicale.

Il peut même arriver qu’à certains moments, tu te fasses prendre en « selfie » avec une inconnue. Peut-être s’agit-il d’une expression de leur curiosité et de leur désir d’entrer en relation. Les Boliviens que j’ai rencontrés semblent si timides et introvertis de premier abord, mais je crois que ce sont des gens pour qui les liens humains comptent réellement. J’ai appris avec eux l’importance du contact avec les autres, peu importe qui ils sont. Peut-être parce qu’ils sont moins pressés, mais il y a du temps pour les échanges de regards et de salutations.

J’ai croisé plusieurs personnes pour qui ces contacts humains peuvent faire une réelle différence. À travers leur pratique, le rire peut soigner des maux, les sourires peuvent poser un baume sur des blessures. Ils sont de grandes portes vers une thérapie commune. J’ai eu la chance de côtoyer les merveilleuses personnes qui font partie des Doctores de la Alegria de Tarija. Ces gens qui donnent de leur temps et beaucoup d’énergie afin de partager du bien-être à plus de gens possible. Vous m’avez confirmé que rien ne sert de voir les choses toujours trop au sérieux. Un regard de clown comprend parfois bien mieux ce qui l’entoure.

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(Les clowns des Doctores de la Alegria en spectacle)

Merci à Tarija, la ville des sourires! Merci à mes élèves toujours si enthousiastes! Merci aux filles qui partagent cette expérience avec moi. Votre contact m’aura fait apprendre bien plus sur moi que dix ans de thérapie! Et tout ça, bien sûr, dans le rire et l’amusement!

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(Un séjour à Copacabana)

Roxann Kérouack, enseignante au primaire et stagiaire PSIJ 2019

Ces stages sont possibles grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.  Pour consulter les offres de stage de L’AMIE, cliquez ici.

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