En février 2019, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis faufilée dans la file d’attente d’une montagne russe. La file est bien remplie, je compte environ une quarantaine de personnes. Déjà, j’ai quelques petites émotions ici et là. Un peu de nervosité à l’idée de devoir passer des entrevues pour embarquer dans la montagne russe. Ensuite, beaucoup de fierté de savoir que j’ai été sélectionnée pour faire partie des personnes qui allaient monter à bord du manège BOLIVIE.
L’attente avant de me lancer dans ce nouveau manège est parsemée d’émotions différentes. Je suis fébrile, mais nerveuse à la fois. J’ai extrêmement hâte, mais j’ai extrêmement peur en même temps. Par chance, nous sommes plusieurs à attendre le départ et je remarque rapidement que je ne suis pas la seule à vivre ce mélange d’émotions.
En mai 2019, le manège se met en marche. L’ascension est sensiblement la même pour chacune d’entre nous. Nous sommes excitées de découvrir cette montagne russe dans laquelle nous allons passer les six prochains mois. Les paysages autour du manège sont magnifiques et à couper le souffle, littéralement à couper le souffle étant donné que la montagne russe est en haute altitude. Mais rapidement, je remarque que nous sommes toutes dans des wagons séparés et qu’il y a plusieurs chemins de rails différents devant nous.
Et déjà, une première chute. Dans toute l’excitation du début du manège, je n’ai pas le temps de la voir venir. La montagne russe n’est pas ce à quoi je m’attendais. Je suis déçue et frustrée. Je vois trop de défis à l’horizon. Je ne vois pas comment je pourrai atteindre la fin du manège.
Après quelques temps, je sens que mon wagon remonte doucement la pente. Les déceptions et les frustrations ne me semblent plus aussi importantes. Je me sens plutôt résignée. J’ai accepté que la montagne russe ne sera pas comme ce à quoi je m’attendais. Et en plus, je me plais bien dans mon wagon. J’y développe une routine saine dans laquelle je suis heureuse et comblée.
Le manège continue pendant un certain temps, parsemé de petites descentes ici et là. Tout au long, je contrôle mon wagon du mieux que je peux. Je trouve des petits plaisirs et des petits bonheurs pour me réconforter durant les descentes. Parfois, je croise les autres wagons du manège et nous parcourons un bout de chemin ensemble. D’autres fois, je m’en éloigne pour continuer seule sur les rails, pour ensuite les recroisés plus loin.
Rendue à la moitié de la montagne russe, j’ai le droit de prendre une pause. Après trois mois, seule dans mon petit wagon, j’embarque dans un nouveau chariot, accompagnée de mon amoureux. Ensemble, nous parcourons d’autres attractions pendant une quinzaine de jours. Cependant, une fois de retour dans mon manège, je sens une nouvelle chute approchée. Le retour à la réalité n’est pas facile. Les déceptions et les frustrations reviennent me hanter. Je manœuvre mon wagon du mieux que je peux pour diminuer l’impact de l’inévitable chute devant moi.
Puis, la chute laisse tranquillement place à un chemin de rails en ligne droite. Les grandes ascensions et les grandes descentes semblent être derrière moi. Je vois même la fin de la montagne russe qui s’approche lentement. Dans mon wagon, je me remets en question. Je me demande si j’ai suffisamment profité du manège. Je me demande si je n’ai pas été trop ingrate durant cette aventure. Je me demande si l’impact des chutes ainsi que les déceptions et les frustrations n’ont pas trop fait d’ombre aux ascensions que j’ai vécues.
Le manège se poursuit pour quatre semaines encore. Je ne sais pas encore si je vais débarquer de mon wagon en disant que c’était la plus belle montagne russe de ma vie. Je ne sais pas encore si ce manège va m’avoir changée comme il semble avoir changé d’autres personnes. Je ne sais pas encore si je vais embarquer à nouveau dans cette montagne russe, qui m’en aura fait voir de toutes les couleurs. Chose certaine, ce manège m’aura certainement appris à lâcher-prise, à m’écouter et me faire confiance. Malgré les hauts et les bas, je suis fière de la résilience et de la force de caractère que j’ai démontré tout au long de la montagne russe, et je suis particulièrement fière de dire que je l’aurai parcourue du début jusqu’à la fin.
Martine Régis, stagiaire PSIJ 2019 à Sucre, en Bolivie
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