Je m’appelle Guillaume. Je suis un garçon de 24 ans. J’ai été choisi par L’AMIE pour faire un stage au Rwanda. Un PSIJ, c’est un stage de 6 mois pour développer mes capacités professionnelles. Cependant, je pense que je vais développer bien plus. Dans ma vie, je passe le temps en jouant de la guitare, en divertissant mon chien Couscous et en travaillant la majorité du temps. Je suis technicien ambulancier pour une belle compagnie de la Rive-Sud de Montréal. Je suis arrivée un soir de la fin janvier à Kigali. On m’y attendait. Les gens de l’organisme du Centre Marembo y étaient avec des pancartes. Mon nom n’avait jamais été sur une pancarte. Je me suis senti bien accueilli.
Je travaille ici pour une clinique généraliste et un centre pour les enfants et les filles-mères de la rue. En réalisant ce stage, mon but est d’approfondir mes connaissances au niveau des interventions interculturelles et en apprendre davantage sur les maladies exotiques. De leur côté, l’organisme partenaire souhaite avoir plus d’outils à la fin de mon séjour sur les premiers soins domestiques et la prise en charge de patient en situation d’urgence. Des buts différents, mais je pense sincèrement que les deux parties profiteront de mon stage ici.
Mon travail à la clinique n’est pas éreintant. Cependant, quand j’ai dit aux infirmières que je ne n’avais jamais fait de consultation médicale, elles se sont un peu moquées de moi, pour finalement ouvrir sur une discussion intéressante. Je prends connaissance que leur formation d’infirmière bachelière est exactement la même qu’au Canada en termes de durée et d’étendue des champs de pratique. Vous savez, lorsqu’on arrive dans un nouveau pays, nous avons tendance à comparer les conditions du pays d’origine et de celui d’adoption. Après cette discussion je me suis promis de me concentrer sur les ressemblances. Ici, c’est plutôt facile.
Je n’ai pas voyagé beaucoup dans ma vie. Cependant, je pense que Kigali est la capitale la plus propre que j’ai visitée, beaucoup plus propre que Montréal selon moi. Des travaux publics sont organisés une fois par mois dans chaque quartier. Les grandes routes sont débarrassées tous les jours des ordures et les terre-pleins sont remplis de palmiers et de vivaces. Les sacs de plastique sont confisqués à l’aéroport. L’application de plusieurs règles écologiques me surprend. Je n’ai pas observé cela à beaucoup d’endroits dans le monde. Le pays veut aller de l’avant, on devrait prendre exemple.
L’autre jour, je me rendais sur un de mes lieux de travail. Je montais une pente à la marche. Je marchais à une bonne vitesse. Un enfant marchant dans le sens opposé a semblé être surpris par ma présence. Après être passé à côté de moi, il a fait demi-tour et a essayé de me rattraper. La pente lui rendait la tâche difficile. En plus, il portait un sac de jute qui rendait son ascension plus ardue. Il a dû courir pour me rattraper. Sentant du mouvement sur mon côté droit, je tourne ma tête. Il me fait un signe de la main, un bonjour amical. Je réponds de la même façon. Il arrête, se retourne et reprend sa direction initiale.
Le Centre Marembo, l’endroit dédié aux enfants et aux mères monoparentales vivant en situation de pauvreté, est un havre de paix. Un répit pour l’esprit de ces personnes qui passent des moments difficiles. En donnant un toit, de la nourriture, de l’enseignement et un environnement de partage, l’endroit amène de l’espoir. Les gens qui vivent ici tendent à oublier qu’ils avaient une vie brisée ou difficile. Les résident.e.s prennent conscience, avec l’aide du personnel, qu’ils/elles devront avancer malgré tout. Au Centre Marembo, on leur permet de faire demi-tour, comme le petit garçon que j’ai rencontré dans la rue. La poche de jute que ces enfants portent est énorme. La pente qu’ils escaladent rend la chose encore plus difficile. Pourtant, personne ne sent le besoin de se plaindre. Les résident.e.s savent que la vie ne leur a pas donné le choix. Ils créeront leur propre chance. Ils en sont fiers. Ces gens reconnaissent qu’ils ont maintenant la liberté de choix. Celui de se rapprocher de leur parcelle de bonheur qu’ils pourront voler au Ciel. Leur chemin est celui de l’action qui rendra leur avenir sain. Comme pour le petit garçon que j’ai croisé, la pente est plus raide et le fardeau plus lourd. En revanche, au centre, chaque personne a la sécurité, le ventre plein et l’encouragement d’un groupe. La pente sera toujours plus facile à monter avec la reconnaissance de ses pairs. En équipe, les résident.e.s trouvent le moyen de sourire, de jouer, d’apprendre et de partager. Ils comprennent que le confort n’est pas acquis. Ils vont grimper leur colline.
La plus belle chose que j’ai entendue ici, c’est la réponse à quelqu’un qui éternue. Alors, si vous éternuez ici on vous dira en Kinyarwanda : «Guéris vite» et vous devrez répondre: «Ensemble!». Le chemin de la guérison sera toujours une réponse d’équipe. Les gens ici l’ont appris.
Pour terminer, je suis un peu maladroit avec l’écriture. Je suis tout de même content que vous ayez pris le temps de lire cet article. J’espère que vous monterez votre colline avec l’équipe que vous choisirez. Si vous passez par ici, faites-moi signe et on fera un tour de la ville.
Guillaume Leclerc – stagiaire PSIJ 2020 au Rwanda à titre d’agent en infirmerie (soins d’urgence).
Ces stages sont possibles grâce au financement d’Affaires mondiales Canada. Pour consulter les offres de stage de L’AMIE, cliquez ici.