Le saut d’une vie…

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Depuis toute jeune, je rêvais de partir aider une autre communauté que la mienne, mais je réalisais peu à peu que peut-être je n’avais pas choisi le bon métier pour être appelée à travailler ailleurs. Alors quand j’ai vu l’offre de stage de l’AMIE, il n’en fallait pas plus pour me convaincre et faire le saut et de tout laisser tomber pour partir 6 mois. Je savais que ce serait un parcours rempli de défis, surtout pour moi qui adore avoir tout en vue et garder un contrôle quasi excessif sur ma vie. Mais je me sentais prête à découvrir l’autre et à me laisser porter par ma communauté d’accueil. J’ai donc fait le saut, sentant dès l’inscription une forte impression de me lancer dans le vide.

À la première rencontre avec les intervenant.e.s de L’AMIE, lors de la formation pré-départ, on nous annonce que notre départ sera probablement reporté étant donné la situation politique en Bolivie. Ma tête se met à tourner, moi qui avais déjà prévu tout pour mon départ et mon retour, je vais devoir tout changer… Mais impossible de prévoir, étant donné que nous devons seulement observer et attendre de voir comment évolue la situation. Les semaines passent et je tente de laisser aller la situation et de me dire que c’est hors de mon contrôle. Rebondissements après rebondissements, la situation se stabilise et nous pourrons partir comme prévu en janvier 2020. Quel soulagement!

L’arrivée en Bolivie, se déroule très bien, nous sommes bien accueillies, les gens sont très aimables et la ville est juste assez petite pour s’y retrouver facilement. Je trouve que Tarija dégage une ambiance festive, joyeuse et rassurante. Je me suis vite attachée aux nombreux parcs qui garnissent la ville. Je suis si excitée de commencer à travailler et pouvoir mettre en œuvre toutes les idées que j’ai. En arrivant à mon lieu de travail, je remarque que les besoins ont changé et que les tâches que j’aurai à faire sont un peu différentes. Je me sens tout de même prête à relever le défi et rebondir sur cette nouvelle avenue qui me semble tout aussi pertinente et intéressante. J’apprends beaucoup, je n’avais jamais travaillé avec des enfants ayant une déficience physique ou intellectuelle et ceux-ci ont eu beaucoup à me partager. J’aurais aimé changer leur vie et leur permettre de courir, mais c’est eux qui m’ont appris à laisser aller et que la chute n’est pas synonyme d’échec. J’ai appris à célébrer chaque petit gain, chaque petit sourire. Ces moments de persévérance apportent toujours des changements, si petits soient-ils, et ils m’ont appris à savourer chacun d’entre eux.

La communauté est forte et bien présente en Bolivie, nous avons eu la chance de nous joindre à un groupe de femmes et de danser pour un événement très important, le comardre. Nous avons pratiqué tous les jours durant des semaines pour arriver à présenter devant une rue entière. Lors de la prestation, j’étais dans tous mes états à l’idée de danser devant une si grande foule. Quelques minutes après le début de la parade, une pluie torrentielle s’est abattue sur nous, mais mes compagnes de danse n’ont pas cessé de danser et les spectateurs ne sont pas partis. Au contraire, le rassemblement est devenu encore plus chaleureux et tous ensemble nous avons transformé cette peur en plaisir.

Suite à toutes les festivités du carnaval, la vie commence à prendre un court plus tranquille, je commence à pouvoir faire des projets et voir davantage ce qui s’en vient pour moi autant niveau professionnel que culturel. Il m’arrive encore d’avoir des petits vertiges car je trouve que le temps passe trop vite ici.

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C’est aussi à ce moment, que nous commençons à voir des gens inquiets autour de nous, les nouvelles parlent sans cesse du coronavirus et du danger de celui-ci, principalement en Bolivie dû au manque de respirateurs artificiels. Nous voyons le Québec et le Canada commencer à mettre des restrictions en place. Nous ne pouvons rien contrôler. Je suis en chute libre, mes idées défilent et ne font aucun sens. Je suis incapable de me positionner entre l’envie de rester ou partir, la chute libre me paraît très longue. Une fois l’annonce du rapatriement fait, tout doit se passer très vite et je n’ai pas d’autres choix que de rebondir, faire mes bagages et tenter de dire au revoir à mes amis. C’est en revenant ici que je réalise que malgré qu’elle ait été fortement écourtée, je devrai rebondir de cette expérience et apprécier ce qui m’entoure tout en étant reconnaissante de l’avoir vécue.

Je n’aurais jamais pensé vivre autant d’émotions en si peu de temps et je crois que c’est ce qui a fait que j’ai tant appris dans les derniers mois. Pour résumé cet événement inoubliable, il serait plus simple de l’imager avec le saut de bungee. Décider volontairement de sauter dans le vide malgré l’angoisse. Vivre une peur et une perte de contrôle incroyable que grâce au travail et aux amis se transformera en plaisir. Mon élastique aura été étiré jusqu’à sa limite et je n’aurai pas eu d’autres choix que de rebondir pour amortir tout cela. Une fois la poussière retombée, réaliser que c’est la plus belle expérience que j’ai vécue et vouloir recommencer immédiatement.

Je voulais apprendre le laisser aller et je crois que cette expérience digne d’un saut en bungee aura été le meilleur des apprentissages.

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Pénélope Côté – Stagiaire PSIJ 2020 en Bolivie à titre d’agente en physiothérapie. 

Ces stages sont possibles grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.  Pour consulter les offres de stage de L’AMIE, cliquez ici.

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