Par Carlos David Castro (Stagiaire PSIJ, Agent aux communications et au développement de partenariats)
L’Amérique latine a été l’une des régions du monde dans laquelle les conséquences sociales, économiques et de santé publique liées à la pandémie de la COVID-19 ont été les plus dévastatrices. L’économie régionale a enregistré une récession historique de 6,8%[1] l’année passée et le nombre de décès liés à la COVID-19 représente actuellement 30%[1] des morts dans le monde. Dans ces pays, certains groupes spécifiques comme les personnes handicapées ont davantage été affectés par la pandémie comparativement à d’autres.
En Bolivie, l’un des pays les plus pauvres de la région, on dénombre plus de 95 884 personnes handicapées, dont 45% de femmes et 55% d’hommes[2]. Malgré les progrès réalisés par le gouvernement progressiste au pouvoir au cours de la dernière décennie afin d’améliorer les conditions de vie des personnes handicapées, la grande majorité d’entre elles ont exprimé que leur qualité de vie s’était fortement détériorée depuis le début de la crise sanitaire[3].

À Tarija, une ville du sud de la Bolivie, la crise a occasionné la fermeture temporaire de certains centres de soins nécessaires pour les personnes handicapées. Privées des services de physiothérapie, d’orthophonie et autres, ces personnes se sont retrouvées sans les soins essentiels pour améliorer leur état de santé. Amigos de Niños Excepcionales Tarija (ANET) est un organisme à but non lucratif militant pour les droits des personnes handicapées en Bolivie. ANET offre des services de physiothérapie, orthophonie et psychologie dans son centre, le CERFI.
Comme les autres centres de la région, le CERFI a été contraint de fermer ses portes en raison des restrictions sanitaires. Florentino Milton Sanchez Cayo, l’administrateur d’ANET, a mentionné au cours du stage que la fermeture temporaire du centre avait grandement affecté les finances de l’organisation. Les services offerts par le CERFI étaient pour ANET une source de financement importante afin d’assurer la continuité de leurs activités, mais aussi pour la survie de l’organisme.
Dernièrement, la baisse du nombre de cas a permis la reprise en présentiel de certains services offerts par le CERFI. Cependant, comme monsieur Milton l’a souligné, la situation ne semble pas s’améliorer pour ANET. Face à la récession économique, le gouvernement a limité les aides octroyées aux organismes comme ANET. Ces derniers doivent désormais trouver de nouvelles sources de financement. De plus, le décès du père Miguel Donahu, fondateur d’ANET, a privé l’organisme d’un gestionnaire expérimenté et essentiel au bon fonctionnement de l’organisme.
Le père Miguel accumulait les fonctions au sein d’ANET. Il était la personne responsable du développement de partenariats, de la gestion des réseaux sociaux et des activités. Son décès a été un coup dur pour l’organisme qui a été confronté aux répercussions de la pandémie par la suite. C’est dans un tel contexte que mon stage au sein de l’AMIE a débuté. En tant qu’agent aux communications et au développement de partenariats pour ANET, mon mandat était de développer une stratégie de communication, trouver des partenaires et des sources de financement pour l’organisme.

Les premiers jours de travail avec mon partenaire m’ont permis de me rendre compte de l’importance de la mission d’ANET à Tarija. ANET intervient dans plusieurs secteurs comme la santé, l’éducation et les œuvres sociales. L’organisme est très impliqué socialement lors de marches organisées pour la défense des droits des personnes en situation de handicap. Depuis peu, ANET dispose d’une auberge pour femmes destinée à venir en aide aux jeunes filles victimes de violence. Avec un tel degré d’implication dans tous ces secteurs, il est évident que l’action de ANET à Tarija est essentielle dans la vie de plusieurs personnes.
Les conditions difficiles auxquelles ANET est confrontée actuellement affectent aussi la majorité des OBNL dans le monde. Selon une étude publiée par Deloitte, 70 % des organismes à but non lucratif ont vu augmenter leurs bénéficiaires durant la crise tandis que leurs revenus ont diminué en 2021 et elles espèrent finir l’année avec une situation financière très dégradée[4].
Monsieur Milton comme les autres membres de son équipe était conscient de la gravité de la situation. Sans un site web ni de réseaux sociaux actifs, ANET n’avait pas les moyens nécessaires pour attirer l’attention de nouveaux partenaires ou trouver de nouvelles sources de financement. La stratégie de communication établie avec mon partenaire reposait sur l’idée directrice d’une ouverture vers le monde pour l’organisation. La création d’un site web, l’ouverture d’une page Facebook professionnelle, d’une chaîne Youtube et de publicité numérique pour le CERFI figuraient parmi les outils mis en place au cours de mon stage.
Les réseaux sociaux offrent sans aucun doute la possibilité aux petits OBNL comme ANET de sensibiliser le reste du monde quant aux difficultés rencontrées celles-ci et leurs bénéficiaires durant la pandémie. Ce sont de puissants outils de sensibilisation qui permettent aux OBNL d’aborder ouvertement les causes défendues par leur organisation et leur mission.
Dans le cas d’ANET, l’éducation populaire est un élément prédominant dans l’approche communicationnelle que l’organisation tient à mettre de l’avant dans le futur. Informer les gens concernant les différents types de handicaps, sur les moyens de détecter les premiers signes de handicap chez l’enfant ou tout simplement sensibiliser les gens sur les conditions de vie des personnes handicapées figurent parmi les thèmes dont ANET tient à aborder sur ses réseaux.

Enfin, le stage avec ANET m’a permis de me rendre compte de du rôle déterminant que ces organisations jouent dans les pays en développement. La crise de la COVID-19 a été défi majeur pour tous et beaucoup plus pour certains groupes spécifiques comme les personnes handicapées. Les OBNL comme ANET avec la crise sont devenus parfois les seules formes d’aide que ces personnes reçoivent, ce qui n’est certainement pas facile pour ces structures.
Les nouvelles technologies et les moyens de communication comme les réseaux sociaux sont des outils capables de venir en aide à ces organisations qui traversent une crise actuellement. C’est pourquoi des mandats comme le mien ainsi que le travail accompli par les OCI dans les pays développés comme L’AMIE sont essentiels afin de permettre à ces organisations de passer à travers la crise et de trouver de nouvelles sources de financement.
Bibliographie
Amézquita, Diego. 2021. «Consecuencias de la pandemia: ¿la crisis de las ONGs? | PRESENTE RSE ». Consulté le 17 novembre 2021. En ligne :https://presenterse.com/consecuencias-de-la-pandemia-la-crisis-de-las-ongs-2/.
[1] Boadle, Anthony. 2021.« Latin America rebound not enough to recover from COVID-19, says report ». Reuters, Business News. Consulté le 17 novembre 2021. En ligne : https://www.reuters.com/article/health-coronavirus-latam-economy-idUSKBN2H41TH.
[4]Deloitte. 2021. «Barómetro de entidades no lucrativas». Deloitte Spain. Consulté le 17 novembre 2021. En ligne : https://www2.deloitte.com/es/es/pages/about-deloitte/articles/barometro-de-entidades-no-lucrativas.html.
[2] Patria, Redacción La. 2020. «En Bolivia se registraron algo más de 95 mil personas con discapacidad». Periódico La Patria (blog). https://lapatria.bo/2020/12/03/hasta-el-2019-en-bolivia-se-registraron-algo-mas-de-95-mil-personas-con-discapacidad/.
UNFPA América Latina y el Caribe. 2020. «La Actual Pandemia y El Estigma Amenazan Con Dejar Atrás a Las Personas Con Discapacidad, Según Una Nueva Consulta de La ONU». Consulté le 17 novembre 2021. En ligne : https://lac.unfpa.org/es/news/la-actual-pandemia-y-el-estigma-amenazan-con-dejar-atr%C3%A1s-las-personas-con-discapacidad-seg%C3%BAn.
[3] Meresman, Sergio, et Heidi Ullmann. 2020. «COVID-19 y las personas con discapacidad en América Latina». CEPAL. . Consulté le 17 novembre 2021. En ligne : https://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/46278/1/S2000645_es.pdf