Par Marie-Jeanne Marion
Avant d’envoyer ma candidature pour le stage SIJA, j’ai eu un grand moment de réflexion, de doute. Je suis autochtone du côté de mon père, j’ai ma « carte », j’ai mon arbre généalogique mais, j’ai toujours ce sentiment d’imposture. Depuis toute petite, avec mon teint pâle, mes yeux bleus et mes cheveux blonds, je me fais régulièrement dire des phrases comme celles-ci, à chaque fois que je mentionne mon affiliation autochtone :
« Es-tu sûr? T’en a vraiment pas l’air aha! Toi, blonde aux yeux bleus, autochtone? Si tu l’es on l’est tous hein! » La réalité c’est que j’en étais à un point où je disais même « je sais que ça n’en a pas l’air mais oui, je suis autochtone » plutôt que de simplement l’énoncer.
Ces mots m’ont suivi longtemps. Ils m’ont empêché de m’approprier ma culture, et m’ont fait sentir comme si je ne pouvais pas être fière de mes origines. J’ai donc longuement réfléchi avant d’envoyer ma candidature. Et si je prenais la place d’une « vraie » autochtone? Et si on riait de moi? Et si on me disait que je n’étais pas assez autochtone? Ces réflexions ont presque eu raison de moi. Mais, je savais aussi que je n’avais rien à perdre, que ce serait une opportunité en or pour moi d’en apprendre plus sur mes origines tout en travaillant dans un domaine que j’adore, la coopération internationale. J’ai donc décidé d’envoyer mon CV et de vivre ce stage, en tant qu ‘autochtone et je suis fière de moi, de mon progrès.
Tout au long du stage, je me suis sentie à ma place, j’ai appris énormément avec les conférences, formations et rencontres et tout cela m’a vraiment permis de m’affirmer, d’affirmer mon affiliation et de ne plus jamais laisser des commentaires désobligeants et non pertinents m’atteindre.
À l’avenir, je ne vais pas hésiter à m’impliquer dans des projets ou activités dans les communautés mais surtout, je ne vais pas hésiter à m’affirmer comme autochtone, et fière de l’être.
Dans une des formations, l’animatrice m’a dit : « Ne laisse jamais personne te dire que tu n’es pas autochtone ou que tu n’en as pas l’air ».
Je vais garder cette phrase en tête et j’espère que si une personne, qui souhaite faire ce stage mais qui hésite comme je l’ai fait pour les même raisons, quand elle lira cette phrase, elle foncera. Il s’agit, oui, d’une expérience professionnelle extraordinaire mais aussi d’un apprentissage personnel qui m’a agréablement surpris. Je recommande cette expérience à tous et à toutes, mais surtout, à ceux et celles qui comme moi, ont besoin d’une expérience comme celle-ci afin d’avancer.
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