Par Emmanuelle Ouellet
Depuis longtemps elle cherche à comprendre les paroles que le vent lui apporte, la mélodie que lui chante la rivière, le croassement de la corneille.
En elle résonne un désir, celui de reconstituer le lien qui jadis a été coupé. En elle vibre le cosmos. La forêt et elle forment un tout. Ces ancêtres l’ont préparé à ce moment, celui où elle reprendrait contact avec ces pairs.
Elle puise son énergie dans l’Eden, ce paradis d’abondance. L’origine du petit sauvage restait inconnue encore à ce jour. Pourquoi se sentir étrangère dans son propre pays? Une chose était sûre, sa connexion avec la Terre mère n’avait pas été rompue.
Entre le vent qui siffle à travers les aiguilles des pins (Pinus sp.) et les rayons du soleil qui caressent les lycopodes (Lycopodium sp.), une légende dit qu’elle serait née des astres. Déposée au creux de la forêt, elle se berce aux côtés de ses ancêtres. Native du ciel, elle se mêle à la terre et l’eau pour nouer l’équilibre. Poussière d’étoiles, dans son cœur règne l’amour.”
– Emmanuelle Ouellet

Voici un texte qui résume un certain état d’âme que je vivais avant d’entreprendre le stage. Je me suis toujours sentie étrangère ici, dans mon pays natal. Sans raison, tout simplement parce que ça régnait en moi. Le stage m’a permis de répondre à plusieurs questions que j’avais. J’ai découvert que le sentiment d’être dans le mauvais pays venait du fait que ma connexion avec mes racines était absente.
J’ai lu dans un livre que le temps ne se calcule pas en chiffre, mais en termes d’expérience. Dans les derniers mois, j’ai appris beaucoup sur ma nature sauvage et ce qui faisait en sorte que pour moi la Terre mère est sacrée.
Comme plusieurs, la crainte de m’afficher au sein d’un groupe commence peu à peu à se déconstruire malgré les jugements encore trop présents. De ma parole naitront des outils qui serviront à aider d’autres femmes autochtones et métis.
La petite fille perchée dans les arbres, celle qui était toujours tachée de boue, celle qui s’émerveillait devant la splendeur de notre planète me remercie. Cette petite sauvage qui ne demandait qu’à s’exprimer, vit maintenant en toute liberté.
Pour toutes les personnes qui n’osent pas s’affirmer, s’afficher au sein d’un groupe autochtone, le seul conseil que je peux vous donner est de vous écouter. Un jour viendra où la petite voix en vous se fera de plus en plus forte. Vous n’aurez d’autre choix que de l’écouter et la laisser vous bercer. Lorsque le moment sera venu, ce sera le moment où vous reprendrez votre pouvoir, votre identité. Tous vos ancêtres vous ont guidés vers ce voyage, ce qui vous reste à faire est d’y plonger.